Sélectionner une page

gTLD-extensions-nom-de-domaineLes nouvelles extensions des noms de domaine arrivent (.paris, .hotel, .sport, .web, .blog, .football, .bio …) et cela risque de bouleverser Internet et le référencement en particulier.
A quoi s’attendre et que cela signifie-t-il concrètement pour la visibilité d’un site internet ?

Quelles sont ces nouvelles extensions et d’où viennent-elles ?

L’ICANN soit “Internet Corporation for Assigned Names and Numbers”, c’est-à-dire l’organisme qui gère et régule les noms de domaine, a accepté en 2012 que de larges entreprises déposent un dossier pour gérer de nouvelles extensions. Plusieurs centaines de sociétés sont dans la course dont IBM, Google, Amazon et bien d’autres. Pour la modique somme d’environ 140 000€ par demande, il est possible de déposer un dossier pour peut-être gérer une extension.

Google et Amazon font parti des entreprises avec les plus gros dépôts de dossiers (respectivement 99 et 76, source: le monde) et sont en concurrence pour une dizaine d’extensions.

Avec environ 1900 dossiers déposés (bien sûr des doublons existent et les entreprises vont devoir justifier de la légitimité de leur demande), la liste est très longue.
Voici quelques unes des extensions:
.book, .buy, .drive, .free, .game, .mail, .movie, .music, .new, .play, .spot, .store, .talk., .love, .hair, .sex, .web, .smile, .sarl, .autos, .immo, .design, .shop, .app, .site, .blog, .paris, .hotel, .sport, .agency, .africa, .architect…

On remarque que les extensions peuvent aussi bien toucher des objets, des sentiments, des actions, des choses abstraites, des concepts, des métiers, des marques, des villes, des régions et même des continents…

Les sociétés ayant déposé le plus de demandes d'extensions

Les sociétés ayant déposé le plus de demandes d’extensions

Quand seront-elles effectives ?

Il n’y a pas de dates précises, cela devrait se déployer progressivement à partir de la fin d’année 2013 sur environ 2 ans (les dates ont déjà changé plusieurs fois…). Cela dépend de l’approbation de l’ICANN et de la capacité de l’entreprise retenue à mettre tout le processus en place.

Comment cela va-t-il être perçu par les internautes ?

Nous allons passer d’un système avec 22 extensions génériques à plus d’un millier probablement, cela risque d’en perdre plus d’un. Beaucoup d’entre nous sont habitués au .com / .net / .org et .fr et cela risque d’être déroutant.
Le but à la base est de débloquer la situation actuelle où le marché est saturé et le choix d’un nom de domaine est très restreint ou bien coûte très cher (des sociétés capitalisant sur l’achat et la revente de noms, les “cybersquatteurs”).
Il s’agit aussi, à priori, d’aider les internautes à mieux s’y retrouver en proposant des extensions signifiant quelque chose. L’idée étant qu’un “.music” va me proposer quelque chose en rapport avec ce thème.

Dans la réalité, il est probable que la majorité des internautes ne prête pas forcément attention à l’adresse du site et clique surtout sur les premiers résultats des moteurs de recherche. Maintenant d’un point de vue marketing on peut sélectionner un nom de marque qui va bien avec une extension pour rendre cela plus mémorable.

Quels changements pour les moteurs de recherche et le référencement?

Les implications sont importantes car l’extension du nom de domaine prend de nouvelles significations. Les extensions pays déjà existantes (comme “.fr”) ont un certain rôle dans le référencement, mais cela devrait être beaucoup plus poussé avec les nouvelles extensions.

Prenons par exemple  le “.restaurant”, cela devrait donner un signal plus fort aux moteurs de recherche qu’il s’agit du site internet d’un restaurant et pourrait potentiellement impacter le référencement dans ce sens.
Mais que faire si le restaurant est basé à Paris ? En effet l’extension “.paris” existe et est tout à fait pertinente aussi.

Une analyse s’impose en fonction des comportements de recherche des internautes dans votre thématique.
La géo-localisation étant très importante dans ce secteur, notamment avec la recherche sur smartphone, le “.paris” pourrait être avantageux. Cependant les moteurs de recherche détectent depuis longtemps la localisation d’un site (ou du service proposé) en fonction du contenu du site. Un site en “.restaurant” avec du contenu sur Paris et une adresse dans Paris devrait pouvoir ressortir efficacement. Des tests seront donc nécessaires pour estimer le degré d’importance accordé par Google en fonction du secteur.

La recherche va donc évoluer et Google se prépare; il est par exemple possible d’effectuer une recherche en ciblant une extension en particulier (recherche avancée): https://www.google.fr/advanced_search

recherche-avancee-google-extensions
Cela n’est pas vraiment exploité pour le moment mais prendra tout son sens avec les nouvelles extensions. Cependant combien d’internautes utilisent la recherche avancée ? Et même si Google le met plus en avant, nous sommes de nature fainéante et à part taper quelques mots dans la boite de recherche je vois mal les internautes choisir parmi une liste de plus de 1000 extensions !

En préparation, Google a également changé sa façon de traiter certaines extensions ccTLD (extension de niveau pays) en les considérant comme des gTLD (extension générique) en milieu d’année. Voici la liste des 20 extensions à présent considérées comme générique:

  • .ad, .as, .bz, .cc, .cd, .co, .dj, .fm, .gg, .io, .la, .me, .ms, .nu, .sc, .sr, .su, .tv, .tk, .ws (source en anglais: http://www.seroundtable.com/google-cctld-generics-16729.html)

 

Des marchés plus “verticaux” mais aussi plus complexes pour les moteurs de recherche

Ces nouvelles extensions signifient qu’un ciblage encore plus précis pourrait s’opérer. D’une certaine manière cela devrait être plus simple pour les moteurs de recherche de s’y retrouver d’un point de vue “pertinence” car les sites internet vont être classés dans des thématiques précises de part leur extension. Mais cela sera-t-il réellement plus simple ?

Le grand nombre de nouvelles extensions à venir n’est pas classé ni structuré de façon logique. Il dépend uniquement des demandes déposées par les entreprises. Concrètement il s’agit plutôt de “cas par cas”.

Il va donc falloir que les moteurs de recherche fassent un tri la dedans et associent des extensions à des lieux ou bien à des thématiques mais le schéma n’est pas évident.
En effet, “.paris” déposée par la mairie de Paris ciblera la ville, mais il y environ une vingtaine de villes nommées “Paris” aux USA.

Deuxième point à prendre en compte: les sites de vente en ligne se positionnant sur plusieurs thématiques pourraient avoir plus de mal à être visibles. En effet, la catégorisation engendrée par les extensions pourrait favoriser les sites très ciblés dans la thématique précise de l’extension et toute une multitude de petits sites très ciblés va probablement fleurir sur Internet. Il est fort à parier que des stratégies de référencement multi-sites seront mise en place.

Enfin un dernier point, certaines extensions font “doublon”. En effet on voit mal l’intérêt d’avoir “.photo” et “.photos” et même “.photography” en même temps.

Meilleure sécurité et plus de contrôle ?

Avec ces nouvelles classifications, il est fort probable que de nouveaux moteurs de recherche très ciblés dans des thématiques précisent voient le jour. Les marchés de niche pourraient être mieux valorisés et les comportements de recherche pourraient se diversifier.
Les sociétés gérant les extensions seront libres de définir les règles pour pouvoir acheter un nom de domaine avec leur extension et cela pourrait garantir une meilleure sécurité et des sites de meilleure qualité. Cela pourrait également permettre de mieux contrôler le contenu diffusé où à autoriser.

Par exemple les sites adultes ont déjà leur extension “.xxx” (et d’autres sont à venir comme .sex). Si tous les sites de ces catégories utilisaient ces extensions, il serait plus simple de protéger les enfants contre ce type de contenus en bloquant simplement les sites de ces extensions durant leur navigation. Evidemment nous en sommes très loin pour le moment avec tous les sites en .com par exemple. Il s’agit du fondement même de la liberté sur Internet, mais peut-être que cela évoluera dans ce sens à l’avenir.

Certains annoncent que ces extensions protègeraient mieux les internautes contre le phishing. Mais on peut douter que les internautes arrivent facilement à s’y retrouver, un gros travail d’éducation sera nécessaire et le phishing a malheureusement encore de beaux jours devant lui. Il est certain qu’avoir tous les sites internet des banques sur une extension “.banque” sera plus sécurisé mais encore faut-il que les internautes vérifient bien l’adresse du site qu’ils visitent et qu’ils ne se fassent pas avoir avec une stratégie utilisant des sous-noms de domaine…

Qui veut du gâteau ?

Extensions géolocalisées

Quelles répercussions pour les extensions actuelles ?

Toutes ces nouvelles extensions de noms de domaine ouvrent pas mal de possibilités et il est certain que de nombreuses entreprises vont spéculer là-dessus. Néanmoins cela pourrait faire baisser la valeur des noms de domaine des extensions actuelles telle que le “.com” dont certains domaines se vendent des millions.

Certaines extensions sont-elles privilégiées ?

En regardant les registraires et leurs statistiques de “pré-enregistrement”, il semblerait que certaines extensions vont être plus populaires que d’autres, comme par exemple:

.web, .online, .shop, .app, .blog

Quelle conclusion ?

Tout cela rend les techniques de ciblage et les choix stratégiques encore plus importants et complexes. Une bonne analyse du secteur d’activité, du ciblage du marché et des comportements de recherche sera nécessaire pour prendre de bonnes décisions et avoir un référencement efficace.
Néanmoins il ne devrait pas y avoir de grosses perturbations à court terme, l’ancienneté des noms de domaine étant aussi un critère important pour le référencement.
Reste à savoir si le “TrustRank” sera plus affecté par des extensions plus sécurisées et à l’enregistrement restrictif, procurant aux moteurs de recherche certaines “garanties” quant au sérieux des sites les utilisant.